Mon projet de livre a connu une petite pause. Pourquoi ? Parce que j’ai changé de job et de région, et déménagé avec homme, filles, chien et chats à travers la France. Ça y est, on est bien installés et le nouveau poste est passionnant, mais aussi très challengeant. Qu’à cela ne tienne, il y a les week-ends et quelques soirs, et j’ai donc repris l’écriture et les interviews de leaders inspirants. Heureusement, car les nouveaux témoignages m’ont encore bluffée. Un homme, une femme, je ne vous en dis pas plus. Des carrières très différentes mais des conclusions si convergentes !
Comme sur la question de la confiance.
La confiance se construit, se cultive : ok, on le sait tous, mais comment fait-on ? Il n’y a pas de miracle, il faut des échanges nourris et réguliers avec les équipes pour instaurer la confiance. Il faut se connaître pour se faire confiance. Car pour déléguer, responsabiliser, rendre autonome, on ne peut pas construire un tableau avec des critères et cases à cocher qui permettraient de délimiter le champs des libertés du collaborateur.
Celui-ci doit donc être capable de savoir, voire de décider quand il peut décider seul !
Impossible s’il ne connaît pas bien son manager. La connaissance doit ainsi être réciproque et ne pas porter uniquement sur des éléments strictement professionnels. Il importe de connaître également la personnalité de l’autre, ses facteurs de motivation et de satisfaction, mais aussi ses enjeux, ses risques.
Plus le manager se confie aussi dans ses dimensions personnelles (sans envahir le collaborateur ...tout un art ! ) plus le collaborateur pourra lui-même se sentir en confiance et poser le cadre de ses libertés avec justesse.
En voilà de belles raisons pour multiplier les moments conviviaux, les pauses cafés, les déjeuners pris ensemble, les apéros afterwork, où l'on parle de ses vaoyages, de ses passions, de ses coups de blues aussi...tout en boostant la performance collective.
Et même si télétravail nous empêche de partager le même café, les moments de convivialité et d'échanges informels virtuels ne sont pas seulement possibles, mais fortement recommandés. Il serait d'ailleurs presque malsain de ne pas commenter le chat qui passe, l'enfant qui fait irruption, ou encore le conjoint qui rentre en découvrant trop tard que sa chambre à coucher s'est transformée en Comex...
Vous me direz que vous n’avez pas assez le temps pour ces moments d’échanges informels avec vos collaborateurs ? Demandons-nous alors si nous n’avons pas tous gardé un peu trop les réflexes du micro-management, ce management qui oblige à être dans les dossiers de nos équipes au lieu d’être AVEC nos équipes ; ces mauvaises habitudes qui nous font bouffer du dossier et qui bouffent l’air de nos équipes.
Le micro-management est un reflexe ancien, quoique trompeur, pour minimiser les risques. Vouloir tout contrôler et savoir, pour tout maîtriser. Non seulement c'est une course perdue d'avance, elle est surtout source de stress et d'épuisement pour tous, qui étouffe toute initiative et tue la performance. Le micro-management est incompatible avec la confiance et la responsabilisation. Mais sortir de ce management du contrôle c’est prendre des risques, et nos organisations et même nos formations initiales nous ont rarement montré comment gérer le risque. Plus nos organisations sont grandes, plus elles ont du mal avec la culture du risque. Or sans risque, pas d’innovation, pas de nouveaux horizons. Déjà André Gide nous disait : « On ne peut découvrir de nouvelles terres sans consentir à perdre la rive de vue pendant longtemps ».
Alors prenons le temps de nous sortir du micro-management en multipliant les moments et les échanges sans dossiers, voire même sans ordre du jour. Mettons le nez hors du bureau et sautons sur toutes les occasions pour échanger librement avec nos équipes.
Acceptons aussi que le corps social ne se construit pas seulement sur des règles et des valeurs communes mais aussi sur des rituels. A l'approche des fêtes de fin d'année personne ne nierait l'importance de ces rituels pour la cohésion familiale, sociétale, que l'on soit croyant ou non. Cela se vérifie aussi dans le monde du travail. Rien de plus puissant que les célébrations ! Même les échecs peuvent donner lieu à une célébration : valoriser les efforts consentis, les apprentissages, les découvertes communes. Chaque échec collectif, dès lors qu'il n'est ni caché ni dramatisé, peut être le début d'un formidable rebond et d'une confiance retrouvée, sinon démultipliée.
En cette fin d’année 2020, de nombreux secteurs économiques sont confrontés à des questions existentielles. Pour l'aéronautique, l'automobile, l'énergie... la quête de nouvelles perspectives était engagée bien avant la crise sanitaire. La COVID n’a fait que confirmer que l’ère des certitudes est révolue.
Paradoxalement, plus nous évoluons dans ce monde incertain, plus nous avons besoin d’optimisme et de confiance. La bonne nouvelle c’est qu’elle est a portée de tous. Elle ne coûte rien. Juste de travailler davantage sur nous et sur nos relations à l’autre.